Autisme

Un exemple de pathologie mieux comprise grâce à l’imagerie cérébrale

Des anomalies anatomiques et fonctionnelles localisées dans certaines régions-clés du cerveau pour l’établissement des rapports sociaux (signaux visuels et auditifs, langage, reconnaissance des visages) ont été mises en évidence chez des enfants autistes.

En tomographie par émission de positon (TEP), une diminution bilatérale, significative, du débit sanguin cérébral au repos, localisée dans le sillon temporal supérieur (STS), a été détectée chez près de 80% des enfants autistes. Plus le débit sanguin cérébral est faible et plus l’autisme est sévère (plus le score ADI est élevé).

Corrélation entre le DSC et la sévérité du syndrome autistique

Corrélation négative avec l’ADI global (p<0,001)

Sur le plan anatomique, de nouvelles méthodes d’analyse de l’IRM ont confirmé l’existence d’anomalies structurelles dans ces mêmes régions temporales supérieures et notamment :

 >une diminution de la surface du sillon temporal avec, là encore, une forte corrélation entre la surface du sillon temporal supérieur et la sévérité des symptômes autistiques.

>une diminution bilatérale de la substance grise. Afin d’évaluer la spécificité de cette anomalie bitemporale, les résultats observés chez les enfants autistes ont été confrontés à ceux d’enfants sains et à ceux d’autres sujets atteints du syndrome de Williams. L’autisme et le syndrome de Williams sont deux pathologies du développement caractérisées par des comportements et des symptômes en miroir. Les compétences sociales et la communication sont altérées dans l’autisme alors qu’à l’inverse elles sont très développées chez les enfants Williams, très sociables et dont le langage est très structuré. Il existe un gradient de densité de substance grise, plus basse chez les enfants autistes que chez les sujets sains qui eux-mêmes ont une densité inférieure à celle des enfants atteints de syndrome de Williams.

L’activité cérébrale a été étudiée grâce à l’IRM fonctionnelle et une aire corticale spécialisée dans la reconnaissance de la voix humaine, localisée également au niveau du sillon temporal supérieur, a été objectivée. Les patients autistes n’activent pas cette aire spécifique du traitement de l’information vocale.

IRMf : absence d’activation du STS en réponse à l’écoute de la voix

Le sillon temporal supérieur semble jouer un rôle central. Il est en relation avec le régions cérébrales impliquées dans le traitement des informations sensorielles nécessaires pour analyser les dispositions et les intentions des autres individus à notre égard (analyse du regard ou de l’expression du visage, reconnaissance de la voix humaine, langage) et donnant un sens au monde qui nous entoure. Des anomalies de l’activation de l’ensemble de ces régions ont été observées chez des sujets autistes au cours de tâches impliquant des interactions sociales.

L’APPORT DE CES TRAVAUX EST MULTIPLE

> d’ordre diagnostique, soulevant la question de l’intérêt de la réalisation d’une IRM lors du bilan diagnostique et étiologique dans le syndrome autistique.

> d’ordre thérapeutique avec la perspective de développement de stratégies de rééducation spécifiques qui auraient pour objectif par exemple d’apprendre à l’enfant autiste à décrypter les informations auditives et visuelles, piliers de leur socialisation.

Mais surtout, la meilleure compréhension des relations entre les troubles observés chez les autistes et le développement du cerveau contribuent à faire évoluer le regard de la société sur ces patients et à soulager les familles.