Adolescents vulnérables et Développement affectif

Nos analyses soulignent la vulnérabilité des systèmes neuro-affectifs dès le début de l’adolescence, et tout indique que le développement du cerveau peut s’organiser autour de particularités précoces qui favoriseront le risque de dépression récidivante.                                                          

Ces recherches sont réalisées dans le cadre de la première cohorte multidisciplinaire mondiale d’adolescents européens suivis de 14 à 23 ans (2000 adolescents, 3 vagues d’évaluations)  https://imagen-project.org/

Une attention particulière est portée à l’étude des interactions avec les évènements de vie au cours des périodes de transition, et à leurs contributions à la vulnérabilité individuelle.

L’imagerie multimodale du développement du cerveau chez des adolescents et de jeunes adultes explore l’hypothèse que les périodes-clés de la maturation cérébrale correspondent à des phases de transition et de vulnérabilité au risque de psychopathologie : https://www.neuron-eranet.eu/_media/ADORe_summary.pdf

Des précurseurs des états dépressifs ont été détectés par les collaborateurs de l’ERL INSERM chez des adolescents suivis entre 14 et 16 ans : les difficultés de régulation émotionnelle à l’adolescence, font souvent craindre le début d’un trouble de l’humeur.

  1. Précurseurs fonctionnels :

– Chez les adolescents « sains » à 14 ans, une activation diminuée du striatum ventral précédait un état sub-dépressif ou une dépression majeure à l’âge de 16 ans (© American Journal of Psychiatry 2015) :

– Des événements de vie stressants peuvent – modifier les réponses (fMRI) de régions activées par la colère, et – médier un risque de diagnostic de dépression majeure deux ans plus tard.

Figure : relation entre l’activation régionale au cours de la vision de visages exprimant une émotion négative et la détresse psychologique vécue lors d’évènements de vie passés (© Gollier-Briant et Coll., Social Cognitive and Affective Neuroscience 2016) :

2. Précurseurs structuraux :

Transition vers un état dépressif. Figure :

En haut : Des adolescents de 14 ans sub-déprimés avaient déjà des volumes de matière grise diminués dans les cortex cingulaire antérieur, préfrontal ventro-médian, et le striatum (©Journal of American Academy of Child and Adolescent Psychiatry 2015). Au centre : Ces modifications médiaient un risque important d’aggravation vers une dépression majeure 2 ans plus tard.

 

En bas  : La microstructure de la substance blanche servant ces régions était altérée chez ces adolescents. Une prédiction individuelle de la transition vers un état dépressif majeur pouvait être effectuée à partir des mesures en imagerie de diffusion (DTI) selon une méthode d’apprentissage-machine supervisée (machine learning) (d’après ©JAACAP 2015, et ©American Journal of Psychiatry 2018).

 

  1. Régulation émotionnelle à l’adolescence, chez les filles et les garçons :

Entre 14 et 16 ans, les variations de volume des régions limbiques (amygdale limbique et hippocampe) médiaient une partie des changements de personnalité entre les filles et les garçons (©Bezivin, Neuroimage 2020) :

  1. Habitudes de sommeil à l’adolescence :

A 14 ans, le décalage des habitudes de sommeil entre les weekends et la semaine était corrélé aux diminutions de volume des régions préfrontale médiane et cingulaire antérieure, et à la dégradation des performances scolaires (Urrila et Coll., Scientific Reports 2017) :

5. Conséquences :

Ces informations soulignent la vulnérabilité des systèmes neuro-affectifs dès le début de l’adolescence.

Elles contribuent à rationaliser l’âge de protection des adolescents les plus vulnérables (http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/dossiers/lutte_violences_sexuelles_sexistes)

Vers de nouvelles interventions pour la prévention des états dépressifs sévèreshttps://www.neuron-eranet.eu/_media/ADORe_summary.pdf )

L’objectif principal du consortium international est de développer des stratégies préventives innovantes pour cibler les comportements et symptômes qui, lorsqu’ils sont présents à l’adolescence, sont précurseurs d’états dépressifs sévères à l’âge adulte.